Ce jour-là, dans une zone rurale sans connexion stable…
Des cultivateurs attendent un acheteur. Ils ont l’habitude de vendre leur production sans preuve de paiement, sans prix fixe, sans garantie.
Mais aujourd’hui, l’un d’eux sort son téléphone, ouvre une application, et montre fièrement : « C’est la preuve de mon stock, enregistrée sur une blockchain. »
Autour de lui, les autres écoutent, intrigués.
Certains ont entendu parler de cette « technologie des riches », d’autres pensent que c’est juste « un truc pour les Bitcoins ». Mais là, ce n’est ni une crypto, ni un gadget. C’est une promesse de traçabilité et de transparence dans une localité où personne n’a de cadastre fiable, où certains détails ne sont pas vérifiables et où l’on se fie à la parole faute de mieux.
Puis le réseau coupe.
Ils attendent.
Ils sourient.
Parce que malgré tout, ils savent qu’un premier pas a été fait vers plus de justice et de dignité.
Blockchain, ce qu’elle est (et n’est pas).
Quand on parle blockchain, beaucoup pensent immédiatement :
Or, la blockchain est avant tout un registre numérique partagé, sécurisé et infalsifiable où chaque transaction est enregistrée de manière transparente et vérifiable. Elle permet de créer une preuve que personne ne peut altérer sans que tout le réseau le sache.
En Afrique, où la confiance dans les systèmes administratifs, les certificats papier et les processus de gouvernance est souvent fragile, cette transparence prend un sens très concret.
L’Afrique et la blockchain : une rencontre pleine de promesses.
Elle permet de garantir :
1. Transparence là où elle manque. Les conflits fonciers sont fréquents : une seule parcelle peut avoir plusieurs « propriétaires ». Avec un cadastre basé sur blockchain, on peut enregistrer chaque transaction de manière sécurisée et inviolable.

2. Traçabilité dans les chaînes de valeur agricoles. Les producteurs de cacao, café ou karité sont souvent à la merci des intermédiaires. Une blockchain peut enregistrer chaque étape, garantissant un prix juste et une qualité traçable.

3. Paiements sécurisés dans des zones faiblement bancarisées. En utilisant blockchain + mobile money, les agriculteurs peuvent être payés rapidement, sans risque de détournement.

4. Résilience face aux fraudes. Que ce soit dans l’administration ou dans le secteur privé, la blockchain limite la falsification de documents, la perte d’informations et les fraudes internes.
Transformer, pas promettre : la blockchain en Afrique.
Quelques exemples concrets :
Ghana : Cadastre numérique.
Dans certaines régions, des ONG ont lancé des projets pilotes utilisant la blockchain pour enregistrer les titres fonciers. Résultat : des familles protégées contre les expulsions, des litiges fonciers réduits, une sécurité juridique accrue.

Côte d’Ivoire : Traçabilité du cacao.
Des coopératives utilisent la blockchain pour enregistrer les poids, les acheteurs et les prix. Cela permet aux producteurs de prouver la qualité de leur produit et d’accéder à de nouveaux marchés.

Kenya : Lutte contre les faux médicaments.
Des startups développent des systèmes permettant de vérifier l’origine des médicaments grâce à des QR codes reliés à une blockchain.

Mais tout n’est pas si simple…

Dans la réalité, plus de 80 % des projets blockchain en Afrique ne dépassent pas le stade du pilote (GSMA, 2023).
Pourquoi ?
Et souvent, certains projets ne sont qu’un effet d’annonce, un gadget pour « montrer qu’on innove » sans réelle utilité sur les projets et les populations.
Gadget ou levier de transformation ?
La blockchain devient un levier utile quand :
Elle reste un gadget si :
L’Afrique, laboratoire d’innovations simples et agiles
Dans des contextes où chaque mégaoctet de données et chaque minute de réseau comptent, l’Afrique innove différemment :
L’Afrique ne doit pas copier les modèles importés. Elle doit inventer ses propres usages.
Construisons des systèmes adaptés à l’Afrique.
En Afrique, les réalités imposent de composer avec des environnements contraints (électricité, instabilités), de créer la confiance dans les systèmes, et de développer des solutions simples et peu coûteuses qui ont un impact immédiat sur la vie des bénéficiaires. L’objectif ? Avancer progressivement vers des standards où la performance, l’optimisation et la conformité deviennent des réflexes, tout en gardant l’agilité nécessaire au contexte local.

Plusieurs situations le confirment :
Un matin, dans un petit bureau d’une mairie rurale, une femme sort un dossier épais, jauni par le temps : les preuves de propriété de sa famille sur un terrain convoité. À côté, son fils consulte sur son téléphone un registre sécurisé : le titre foncier y est désormais inscrit, inviolable, consultable. Un agriculteur, de son côté, a pu prouver son historique de récoltes grâce à une traçabilité blockchain, obtenant enfin un microcrédit pour étendre son champ. Dans un centre de santé, une infirmière consulte un carnet de vaccination sécurisé, même sans réseau fiable, évitant des doublons coûteux. C’est cela, le potentiel réel : rendre la transparence accessible, protéger ce qui compte, ouvrir des portes à ceux qui n’avaient aucun levier pour avancer. Mais tout cela n’aura de sens que si la technologie est comprise, acceptée, utilisée, avec une vraie appropriation humaine, par celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Blockchain, la technologie qui transforme et ce qu’elle peut apporter demain :
Ne nous trompons pas. Ce n’est pas une baguette magique, mais un outil utile et sécurisé.
La blockchain ne remplacera pas l’électricité qui manque dans nos villages. Elle ne corrigera pas, à elle seule, les lenteurs administratives ou les inégalités qui freinent nos sociétés. Elle ne supprime ni les défis de gouvernance.
Mais elle peut être une brique solide dans la construction d’un système plus fiable. Elle peut sécuriser les registres de santé, protéger les petits agriculteurs, garantir des transactions, et instaurer de la transparence là où elle manque.
Elle peut simplifier des démarches qui aujourd’hui enferment les citoyens dans des procédures sans fin, et donner confiance à ceux qui n’ont jamais eu de filet de sécurité.
Elle peut aider les PME à accéder à des financements, les paysans à protéger leur récolte, les jeunes à prouver leurs compétences.
C’est ainsi qu’elle quitte le statut de « buzzword » pour devenir un levier concret de transformation, à condition qu’elle soit comprise, adaptée aux réalités locales, et pilotée par ceux qui vivent réellement ces réalités.
Parce que la technologie seule ne transforme rien.
Ce sont les personnes qui, en s’appropriant ces outils, peuvent faire bouger les lignes
.
À vous maintenant
Vous êtes une coopérative, une administration ou une entreprise et souhaitez explorer les usages concrets de la blockchain pour vos projets de transparence, de traçabilité ou d’impact ?
Vous souhaitez comprendre comment l’intégrer de manière simple et utile, adaptée à vos réalités ?

Parlons-en.