5 mars 2025
Par
Inexsia
De la smart city à la smart nation, l’Afrique est-elle prête pour une digitalisation à grande échelle ?
Les smart cities se multiplient en Afrique. Kigali, Casablanca, Cape Town, Nigeria… Plusieurs villes africaines adoptent progressivement des technologies intelligentes pour fluidifier les transports, améliorer la gestion des ressources et digitaliser l’administration et les services publics.
À première vue, on pourrait croire que l’Afrique a enclenché son virage technologique. Mais lorsqu’on s’éloigne de ces centres urbains, la réalité est tout autre : des millions de citoyens vivent encore sans accès aux services numériques de base. Pour avoir un impact réel, la transformation numérique doit aller bien au-delà des centres urbains. Elle doit toucher l’ensemble d’un pays, de l’administration aux infrastructures, en passant par l’éducation et la santé.
Une smart city seule ne fait pas un pays intelligent. Pour que la technologie transforme réellement la vie des citoyens et booste la compétitivité économique, c’est toute la nation qui doit devenir intelligente.
L’Afrique est-elle prête pour cette mutation ?
Quels sont les obstacles et les solutions pour y arriver ?
À première vue, on pourrait croire que l’Afrique a enclenché son virage technologique. Mais lorsqu’on s’éloigne de ces centres urbains, la réalité est tout autre : des millions de citoyens vivent encore sans accès aux services numériques de base. Pour avoir un impact réel, la transformation numérique doit aller bien au-delà des centres urbains. Elle doit toucher l’ensemble d’un pays, de l’administration aux infrastructures, en passant par l’éducation et la santé.
Une smart city seule ne fait pas un pays intelligent. Pour que la technologie transforme réellement la vie des citoyens et booste la compétitivité économique, c’est toute la nation qui doit devenir intelligente.
L’Afrique est-elle prête pour cette mutation ?
Quels sont les obstacles et les solutions pour y arriver ?
1. Smart cities en Afrique, un bon départ, mais insuffisant
Ce qui fonctionne déjà. Plusieurs villes africaines ont intégré des solutions innovantes :
- Kigali (Rwanda) : administration digitalisée, transports connectés, paiements mobiles omniprésents.
- Casablanca (Maroc) : smart grids (réseaux électriques intelligents), régulation du trafic par IA.
- Cape Town (Afrique du Sud) : gestion optimisée de l’eau et des énergies renouvelables.
Les limites actuelles :
- Ces projets sont isolés et ne profitent qu’à une minorité urbaine et la majorité des citoyens n’y a pas accès.
- L’administration, l’éducation, la santé et l’économie restent déconnectées du modèle smart city.
- L’impact sur l’ensemble du pays reste limité : les zones rurales sont laissées de côté, créant un fossé numérique.
- Manque d’interopérabilité : souvent chaque ville/région développe son propre modèle sans coordination nationale.
- Il n’existe pas de vision nationale pour unifier et harmoniser ces avancées.
Sans stratégie globale, les smart cities africaines restent des "bulles technologiques” sans effet sur la transformation du pays. Les smart cities africaines sont souvent conçues comme des projets isolés, portés par des gouvernements ou des investisseurs privés. Elles fonctionnent de manière indépendante du reste du pays, sans intégration avec les infrastructures nationales. Ces villes deviennent des îlots technologiques, certes modernes, mais qui n’entraînent aucun changement structurel pour l’ensemble du pays.

2. Smart nation, pourquoi c’est l’objectif à atteindre ?
Une smart nation, c’est bien plus qu’une ville connectée. C’est un pays entier qui adopte une transformation digitale cohérente.
- Administration 100 % digitale : zéro papier, zéro file d’attente. Tout se fait sur internet (carte d’identité, permis, impôts, démarches…).
- Paiements numériques et systèmes financiers interconnectés.
- Utilisation de l’IA et du big data pour la santé, la mobilité et la sécurité.
- Transport optimisé : feux de circulation intelligents, taxis autonomes, transports publics connectés en temps réel.
- Hôpitaux et santé connectés : les dossiers médicaux sont numérisés et accessibles à tous les médecins.
Résultat ? Singapour est aujourd’hui l’un des pays les plus avancés du monde, où la technologie simplifie la vie de tous les citoyens, réduit les coûts et attire des milliers d’entreprises innovantes.
Pourquoi l’Afrique doit viser cet objectif ?
- Réduire la corruption et simplifier l’administration.
- Améliorer l’accès aux services publics, même en zone rurale.
- Attirer des investisseurs grâce à un environnement moderne et digitalisé.
- Créer un écosystème technologique et industriel compétitif.
Une smart nation, c’est un pays plus efficace, plus attractif et plus inclusif.

3. Les défis pour l'Afrique. Pourquoi ce n’est pas encore une réalité ?
L’Afrique progresse vers la digitalisation, mais plusieurs blocages ralentissent cette transformation. Voici les quatre principaux défis à surmonter :
Infrastructures incomplètes : un socle fragile pour la digitalisation
- Le haut débit est encore peu développé. Certaines grandes villes ont la fibre optique, mais de nombreuses zones restent mal connectées.
- La cybersécurité est insuffisante. La protection des données et la régulation sont encore faibles.
- Peu de centres de données locaux. Beaucoup d’entreprises africaines stockent leurs informations sur des serveurs étrangers, ce qui pose des problèmes de souveraineté numérique et de protection des données
Sans infrastructures solides, impossible d’avoir un pays 100 % digitalisé.
Une fracture numérique qui exclut une partie de la population (des millions de personnes n’ont toujours pas accès à internet.)
- En ville, Internet est présent, mais coûteux. Beaucoup de familles et d’entreprises ne peuvent pas se permettre des abonnements haut débit.
- En zone rurale, la connexion est rare ou inexistante. Certaines régions sont encore complètement hors réseau.
- Les équipements restent un luxe. Même si internet est disponible, tout le monde n’a pas de smartphone, d’ordinateur ou d’accès à l’électricité.
Une smart nation ne peut pas fonctionner si une grande partie de la population est laissée de côté.
Qui va piloter la transformation ?
Une smart nation a besoin de techniciens, d’ingénieurs, de développeurs, d’experts en cybersécurité…
- Il faut outiller et former les talents spécialisés.
- Les formations en technologies avancées sont limitées. Peu d’universités forment aux compétences numériques nécessaires.
- Il faut limiter la fuite des talents (brain drain) : beaucoup d’Africains formés dans la tech partent travailler à l’étranger, attirés par de meilleurs salaires.
Sans experts locaux, l’Afrique reste dépendante de solutions technologiques étrangères.
Financement : la transformation numérique à grande échelle ne peut se faire sans des investissements colossaux.
Créer une smart nation demande des investissements très importants dans :
- Les infrastructures numériques (réseaux, data centers, cybersécurité).
- La formation des talents pour avoir une main-d’œuvre qualifiée.
- L’inclusion numérique pour que tout le monde puisse profiter des services digitaux.
Les gouvernements africains font face à des urgences immédiates : santé, éducation, infrastructures routières, création d’emplois… Ces préoccupations sont évidemment vitales et perçues comme prioritaires par rapport à la digitalisation. Mais pourquoi opposer ces priorités alors que la digitalisation peut justement les renforcer ?
La digitalisation ne doit pas être vue comme une charge supplémentaire, mais comme un levier pour accélérer le développement dans tous les secteurs essentiels.
Sans vision commune intégrant la technologie dans les priorités nationales, l'Afrique risque de toujours courir après les urgences, sans bâtir une transformation durable.
La digitalisation ne doit pas être vue comme une charge supplémentaire, mais comme un levier pour accélérer le développement dans tous les secteurs essentiels.
Sans vision commune intégrant la technologie dans les priorités nationales, l'Afrique risque de toujours courir après les urgences, sans bâtir une transformation durable.
Terminons sur une vision ambitieuse, mais essentielle. L’Afrique peut-elle devenir un continent de smart nations ?
Oui, mais cela demande une vision cohérente, un engagement politique fort et des investissements stratégiques.
Quels sont les prochains défis ?
- Éviter de copier les modèles occidentaux sans les adapter aux réalités locales (concevoir son propre modèle de smart nation, adapté à ses besoins et ressources).
- Assurer la protection des données et limiter la dépendance aux entreprises étrangères sans développer une expertise locale.
- Former une génération de talents locaux capables de piloter cette transformation. Investir massivement dans l’éducation numérique et la formation pour que les Africains deviennent les acteurs de cette transformation.
- Éviter une digitalisation à deux vitesses (villes vs zones rurales), ne pas se concentrer uniquement sur les capitales et grandes villes.
- Former une génération de talents locaux capables de piloter cette transformation. Investir massivement dans l’éducation numérique et la formation pour que les Africains deviennent les acteurs de cette transformation.
- Construire des infrastructures solides. Déployer la fibre optique, les data centers, et la cybersécurité pour garantir un socle technologique fiable.
- Unifier les services publics en ligne. Créer un portail unique où citoyens et entreprises peuvent payer leurs impôts, accéder aux services de santé, suivre leurs démarches administratives en ligne.
- Encourager les partenariats public-privé. Associer gouvernements et entreprises locales pour co-développer les solutions digitales.
L’avenir de la digitalisation africaine ne se joue pas seulement dans quelques villes intelligentes. C’est toute une nation qui doit se transformer.
Sans experts locaux, l’Afrique reste dépendante de solutions technologiques étrangères.
